Interview Métiers émergents, compétences à certifier - Armand LOSPIED

Pourquoi structurer les compétences est essentiel pour entreprendre dans le covering

 

Mélanie Duchamp : Armand, vous êtes à l’origine de plusieurs initiatives de professionnalisation dans les métiers de la préparation esthétique automobile. Pourquoi vous intéresser aujourd’hui au covering ?

Armand LOSPIED : Parce que le covering est en train de devenir un métier à part entière, avec ses propres règles, ses propres techniques, et ses propres enjeux de fiabilité. Depuis plusieurs mois, au sein de SP FORMATION, nous accompagnons des indépendants, des jeunes entreprises, mais aussi des professionnels en reconversion qui souhaitent se lancer dans une activité covering rentable et pérenne.
Et ce que nous observons, c’est qu’au-delà de la passion ou du talent manuel, il manque un socle structuré de compétences reconnu, qui sécurise à la fois le client et le professionnel.

Mélanie Duchamp : Quels sont les besoins que vous avez identifiés chez ces entrepreneurs ?

Armand LOSPIED : Il y a un besoin de clarté sur les gestes attendus, sur les normes de pose, sur les limites techniques.
Par exemple, beaucoup ne savent pas que le post-chauffe mal maîtrisé est la première cause de décollement prématuré, ou que le non-respect de l’hygrométrie du local peut faire échouer une pose pourtant bien exécutée.
Par ailleurs, la relation client est rarement intégrée dans les pratiques : conseils d’entretien, durée de vie du film, précautions à prendre… tout cela est souvent laissé de côté.

Nous sommes en train de recueillir les retours terrain, auprès de techniciens, de formateurs, de carrossiers et d’indépendants, afin de bâtir un référentiel qui puisse ensuite nourrir une formation professionnelle solide. Pas pour théoriser, mais pour structurer une compétence qui reste très empirique aujourd’hui.

Mélanie Duchamp : Ce référentiel a-t-il aussi une vocation à accompagner la création d’entreprise ?

Armand LOSPIED : Complètement. Le covering est souvent une porte d’entrée pour des auto-entrepreneurs, des passionnés qui veulent se lancer. Mais l’absence de cadre clair peut les fragiliser. En mettant en place un socle de compétences techniques vérifiées, adossées aux standards des fabricants (3M, Hexis, Avery Dennison), on permet :

  • une montée en crédibilité immédiate,

  • une meilleure gestion de la qualité et des risques,

  • et une relation client professionnalisée, qui favorise la fidélisation.

À terme, cette structuration doit pouvoir être reconnue officiellement, et mobilisable dans des logiques de financement (France Travail, CPF, OPCO). Ce n’est pas qu’un enjeu de pédagogie, c’est un levier de croissance pour les entrepreneurs du secteur.

Mélanie Duchamp : Et vous documentez tout cela pour une future certification ?

Armand LOSPIED : Nous restons prudents, mais oui : notre ambition est de construire une réponse fiable aux enjeux du terrain. Et ce travail passe nécessairement par la co-construction : nous n’imaginons rien sans les professionnels qui posent chaque jour, qui conseillent, qui gèrent les retours clients.
C’est d’ailleurs l’un des fondements de notre approche : le référentiel que nous bâtissons est conçu avec eux, pour eux.